Rouge est le sang, Sam Millar



Après avoir déprimé en lisant les rimes du poète Auden, je me suis dit qu’un roman léger me ferait le plus grand bien. Je ne sais pas comment vous fonctionnez, mais moi, j’aime bien alterner les lectures sombres et celles plus sympa. Du coup, après avoir hésité entre un Philip Kerr et un Andrew Klavan, je suis tombé sur Rouge est le sang, de Sam Millar. Le titre original disait Redemption Factory. Merde. Un titre comme ça, ça vous envoie une brique en pleine gueule. Revigoré par le coup, j’ai lu la 4eme et feuilleté le bouquin. Quelques jours après, c’était bouclé.

De quoi ça parle ?

Tout commence avec un énigmatique prologue, axé sur un malheureux (qu’on devine de l’IRA ou d’un autre groupe paramilitaire) séquestré, torturé et exécuté. Puis, c’est l’histoire d’un jeune type un peu solitaire, Paul Goodman, qui obtient un poste d’équarisseur dans une grande boucherie tendrement surnommée L’Usine à rédemption. Ses collègues et employeur semblent tous plus ou moins lézardés de la théière, et le boulot est abominable. On murmure en plus de drôles de choses sur Shank, le boss, ainsi que sur ses filles, qui travaillent aussi dans l’usine. Et finalement, le meilleur ami de Paul ajoute à ce joyeux bordel un chaos monstre.

Ce que j’en ai pensé :

Putain, c’est bien foutu. Déjà, c’est bien écrit. Rien de très sophistiqué, mais c’est super efficace ; c’est direct.  Les dialogues sont percutants, et les descriptions sont simples et évocatrices. J’ai kiffé.
La lecture du papier vous dégoûte de la bidoche. Les descriptions de la Redemption Factory sont simplement à gerber. Et je suis loin d’être un activiste vegan. Les bouchers sont ici des prêtres du Dieu du Carnage, difformes, grotesques et obsédés. Ils vivent de mort et vont jusqu’à la bouffer sur les lieux. En fait, ça se situe à la croisée de Francis Bacon et Jérôme Bosch. Un trip infernal mais très esthétisé. Les personnages sont fêlés (dans les deux sens du terme), hideux, inquiétants, mais pas pour autant dénués d’une certaine lumière. La plus importante, celle de la – fameuse – rédemption, est aussi celle qui filtre le moins. Mais dans cette marée  de ténèbres, de chiasse et de sang, elle ne m’en a paru que plus belle.

 

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